Par : Nouri Nesrouche
Quotidien National El Watan 31/12/2015
Sur le podium des évènements qui ont le plus marqué les Constantinois, l’on retrouve le fameux scandale dit des 32 villas, qui a mené à l’emprisonnement du maire, mais surtout les lamentables ratages de la manifestation culturelle de 2015.
Qu’est-il arrivé aux Constantinois de bon et d’inoubliable durant cette année 2015 qui s’achève aujourd’hui au premier coup de minuit ? La réponse à cette question n’est pas très difficile pour beaucoup, et même ceux qui d’habitude ne voient que la partie pleine du verre trouveraient du mal à construire un argumentaire solide. Pourtant, aux tableaux des résolutions, 2015 devait apporter beaucoup de bien à la population. On nous enviait presque les promesses (par tonnes), formulées dans le sillage de l’évènement Capitale de la culture arabe, notamment. En fin de cycle, les cyniques l’ont encore emporté.
Commençons d’abord par quelques perles rares qui ont tout de même égayé le calendrier 2015. Pêle-mêle, les médailles d’or raflées par des champions Constantinois du Handisport lors du championnat du monde d’athlétisme au Qatar, l’ouverture (enfin) du contournement de Djebel el Ouahch, et le succès du Dimajazz font l’unanimité. Il y en a sans doute davantage d’heureux évènements et chacun peut s’amuser à confectionner sa propre liste positive.
Cependant, dans la balance générale, il nous semble que les déceptions ont fait plus fort. La corruption et le gaspillage de l’argent public ont entaché l’évènement culturel de l’année, les inondations d’Ali Mendjeli ont fait des morts, la fonction de président de l’APC a été souillée par l’emprisonnement du maire Seif-eddine Rihani, et aussi des milliers de familles à qui on promet le relogement depuis des années, ont fini par déchanter.
2015 s’achève justement sur le soulèvement des habitants de Boudraâ Salah à cause de ces promesses non tenues de relogement. Des accrochages violents, des blessés et des arrestations, en plus de la paralysie de la moitié de la ville, suite à la fermeture par la force d’un axe névralgique. En amont et en aval de la protesta, les autorités locales ont été passives et surtout, à cours d’idées.
Au moment où à Alger, par exemple, le wali Abdelkader Zoukh distribue mensuellement des milliers de logements, Hocine Ouadah ne fait que distribuer des avertissements, sans suite, à des promoteurs et des entrepreneurs qui se moquent des délais et de tout le reste. LPA, Cnep-Immo, LSP, etc., toutes les formules trainent. Les bénéficiaires des pré-affectations de logements sociaux meurent d’attendre. «La RHP m’a tué», ironise un quinquagénaire inscrit sur la liste depuis … 20 ans !
Capitale de la désillusion
Le fiasco est total sur ce registre. Mais encore, coté qualité de vie, les Constantinois ont vu de toutes les couleurs cette année. Le drame a eu lieu en août dernier quand des pluies torrentielles sont venues démontrer, une fois de plus, que l’infrastructure est faible, voire frappées de malfaçons. Quatre morts, des dizaines de blessés et des millions de dinars en dégâts matériels et surtout un constat : la ville d’Ali Mendjeli n’a pas de réseau d’assainissement !
Oui, les pots de vin ont fait des victimes en 2015 ! Cette année aussi a sonné la fin d’un gros scandale (à l’échelle locale), celui dit des 32 villas. Trois personnages ont été poursuivis en justice, l’un d’eux occupant la noble fonction de président de l’APC de Constantine. A cause de lui, et à cause du FLN, cette fonction est frappée désormais du sceau de l’infamie, et il en faudra beaucoup pour la réhabiliter aux yeux de la population locale.
Enfin, on arrive à l’évènement qui devait redorer le blason de Constantine. C’est comme ça que le discours officiel nous a vendu la manifestation Capitale de la culture arabe. Un budget faramineux et un résultat scandaleux. La montagne a accouché d’une souris finalement, et tous les espoirs se sont évaporés.
La liste des ratages est interminable, sans parler du gaspillage et des détournements à échelle industrielle : On a refait les trottoirs au prix du mètre carré le plus cher au monde, les escaliers du Coudiat à 70 millions la marche, et aussi on a construit un Zénith qui a couté au moins sept fois son prix. Une grosse et grossière opération de prédation qui a poussé les Constantinois à en détourner rapidement les yeux.
Un froid sidéral s’est installé entre la population et les organisateurs qui ne s’expliquent pas le boycott des activités. La liste négative est encore longue, mais faute d’espace, arrêtons-nous ici, en espérant des jours meilleurs pour l’année qui pointe.